Notre dernière lettre aux amis nous donnait l’occasion de vous parler de la vie foisonnante du Foyer Notre-Dame des Pauvres. Nous y faisions l’éloge de l’action féconde et généreuse, si contraire à l’agitation ou à l’intérêt qui semblent mener le monde.
Grâce à Dieu, nous vivons aussi de stabilité. Si le printemps exalte la vie par son foisonnement, offrant chaque jour une nouvelle fleur, un nouveau chant d’oiseau, un nouveau petit au terrier ou à l’étable, il alterne harmonieusement et subtilement avec la calme intensité de l’été, la douceur de l’automne, ou la paix hivernale.
« Les villes, sans nuances ni transitions, ne connaissent plus que l’hiver et l’été. L’homme, essouflé, y respire à deux temps. » L’immense majorité des français « ne peut plus connaître la respiration à quatre temps de l’année, la cadence apaisante des saisons-».
Après trois années toutes de fécondité, alors que notre petite école est en plein éclosion et que nos efforts arrivent à maturité, nous aspirons à la permanence et l’équilibre des fondations sérieuses. La vie est un mouvement, certes, mais elle est aussi un état, une harmonie sereine.
Dans un monde qui file à mille à l’heure, où le TGV et l’avion supersonique ont laissé la place à la connexion satellite et à la fibre optique, où le mouvement toujours en marche est devenu une vertu en lui-même, nous recherchons la paix : la stabilité de l’ordre, le roc solide et immuable. L’humble flamme, du buisson ardent millénaire au phare inaltérable ou à la modeste chandelle d’un dîner aux bougies, danse toujours.
C’est précisément cette danse qui, comme l’écrit encore Guy de Larigaudie, lui donne tout son charme. Elle ne montre pas la beauté du monde, mais la présente… Elle donne aux bijoux un éclat plu vif, rend les sourires plus éclatants, appaise les cœurs agités.
Il s’agit donc désormais de confirmer notre route, d’assurer et de pacifier le rythme de nos pas. De sprinters, devenir marathoniens, tel Philippidès, ce messager grec qui a couru sans relâche pour annoncer à Athènes la victoire contre les Perses.
Quelles seront nos victoires à annoncer ?
Vous en avez lu ici un bref extrait. Mais l’essentiel est invisible et ne peut être aperçu qu’avec les yeux du cœur. La pudeur, l’intimité des uns et des autres nous empêche d’étaler les confidences reçues, les regards perçus, les discrets « merci » offerts au portail d’un Foyer qui porte si bien son nom…
Ce merci, nous l’adressons aussi à tous nos amis, nos bénévoles, nos bienfaiteurs. Sans eux, l’œuf serait mort. Aucun gazouillement joyeux n’aurait éveillé notre audace. Avec eux, avec vous, le monde s’éveille et s’émerveille : l’Aventure continue !
Pierre-Joseph Rubino
Fondateur d’Ecole-Hameau